Mon bébé a une plagiocéphalie, que faire ?
Qu’est-ce qu’une plagiocéphalie ?
C’est une déformation du crâne. Elle touche généralement les nourrissons, mais parfois dans de rares cas elle est déjà présente à la naissance. Il en existe deux formes :
– La plagiocéphalie secondaire à une craniosténostose, dûe à une soudure prématurée des os du crâne du nouveau-né. Elle nécessite une prise en charge chirurgicale (elles sont diagnostiquées en général par le pédiatre à la maternité et sont heureusement très rares.)
– La plagiocéphalie positionnelle, qui comme son nom l’indique est une déformation causée par la position du crâne du bébé lors de son sommeil.
Nous parlerons ici uniquement de celle-ci.
Comment reconnaître une plagiocéphalie bébé ?
Il y a deux types de déformations :
Un aplatissement asymétrique de l’arrière du crâne (le crane s’aplatit d’un côté sur l’arrière), pouvant dans certains cas s’accompagner d’une asymétrie du front et d’un décalage des oreilles. On parle de plagiocéphalie bébé.
On observe parfois un aplatissement plus global de la partie arrière du crâne,. On parle alors de brachycéphalie.
Plagiocéphalie et brachycéphalie peuvent être associées. Ele est diagnostiquée en général par le pédiatre.
Quelle est la cause de la plagiocéphalie positionnelle ?
Les déformations du crâne ont toujours existé, mais au début des années 1990 elles ont connu une augmentation très importante. En effet, une étude a montré que la mort inattendue du nourrisson (MIN) pouvait être liée au fait qu’à cette époque on faisait presque systématiquement dormir les bébés sur le ventre. L’OMS a alors publié des recommandations afin que les bébés soient désormais placés sur le dos pour dormir. Et de fait le nombre de MIN a été divisé par 6 en quelques années ! Quelque temps plus tard on a vu les déformations du crâne augmenter de façon importante.
En plus de la position de couchage, les plagiocéphalies sont généralement favorisées par des limitations de la mobilité cervicale du nouveau-né, par exemple dans le cas de torticolis congénital. Le bébé est alors incapable de changer seul de position.
Les recommandations de l’OMS pour la plagiocéphalie ?
La Haute Autorité de Santé vient de faire paraître les dernières recommandations en matière de prévention et de prise en charge des plagiocéphalies.
Elle a notamment insisté sur les points suivants :
– Rassurer et accompagner les parents, afin de pouvoir leur enseigner les gestes à faire pour éviter ou limiter les déformations du crâne.
– Prévenir la Plagiocéphalie en laissant le bébé bouger, car il est maintenant établi que les déformations apparaissent le plus souvent chez les bébés dont la mobilité est réduite ou difficile.
– En cas de plagiocéphalie déjà avérée , mettre en œuvre des interventions adaptées en fonction du degré de sévérité de la déformation, afin de limiter l’aggravation, et de récupérer la mobilité cervicale dans le cas où l’enfant présente par exemple un torticolis. Ces interventions sont la plupart du temps réalisées par un ostéopathe ou/et un kinésithérapeute spécialisé dans la prise en charge pédiatrique en coopération avec le pédiatre qui assure le suivi de l’enfant (les mesures et l’évolution seront reportées dans le carnet de l’enfant.)
Quel est le traitement de la plagiocéphalie ?
La Prévention est fondamentale et commence dès la maternité :
En dehors des temps de sommeil où l’enfant doit être placé sur le dos, l’enfant devra être libre de bouger comme il veut selon ses capacités, afin qu’il ne soit pas toujours en appui sur le même côté de la tête. Les postures devront être variées, notamment par des stimulations et des sollicitations visuelles ou auditives afin de favoriser les changements de position et la mobilité cervicale.(par exemple le coté du lit des parents,la lumière et mobiles seront utilisés) »je dors sur le dos et joue sur le ventre »
Que faire lorsque la plagiocéphalie est installée ?
La première intervention consiste à évaluer la mobilité cervicale afin de dépister toute limitation de la mobilité. « mon bébé a toujours la tête du même côté » nous disent les parents.
Ensuite il faut évaluer le degré de sévérité de la déformation, en prenant des mesures et des photos, qui permettront de contrôler l’évolution à chaque nouvelle séance.
Selon le cas, il est recommandé de consulter un ostéopathe et/ou un kinésithérapeute. A l’Espace périnat nous pouvons vous proposer cette double prise en charge.
Dans les cas pris très tardivement (après 6 mois) et si la plagicéphalie est très importante un casque (non remboursé) pourra être prescrit par le pédiatre
Plagiocéphalie et ostéopathie
Bien qu’il n’existe pratiquement aucune publication démontrant l’intérêt de l’ostéopathie, il y a des ostéopathes qui sont formés pour accompagner la prise en charge de la déformation du crâne de leur bébé.
Il est recommandé de s’assurer que le professionnel est compétent et habitué à ce type de prise en charge car malheureusement beaucoup d’ostéopathes se déclarent spécialistes des bébés sans en avoir les compétences !
Le bilan :
Le bilan initial permet de rechercher et de lever toute restriction de la mobilité cervicale et de la région crânio-cervicale en général. Ce premier contact permet de prendre des photos et des mesures.
On mesure le degré d’asymétrie de la déformation (index d’asymétrie de la voûte crânienne IAVC), et le cas échéant le degré de brachycéphalie (index crânien IC). Ces mesures et ces photos nous permettent de suivre l’évolution et d’encourager les parents.
Le traitement :
Il consiste à identifier et lever toutes les restrictions de mobilité (par exemple obtenir une rotation symétrique de la tête du bébé mais les petits blocages a distance ont également leur importance (bassin, rachis globalement tendu par exemple) l’enfant doit récupérer toute sa souplesse ! La position intra utérine et les circonstances de la naissance ont bien entendu leur importance !
Encourager la mobilité :
Pour compléter le traitement nous montrons aux parents comment stimuler la motricité de l’enfant pour l’encourager à explorer toutes ses capacités psychomotrices et ce dès le plus jeune âge.
Le positionnement expliqué aux parents :
La HAS (Haute Autorité de Santé) rappelle à juste titre la nécessité du couchage sur le dos pendant les temps de sommeil (en alternant les positions de tête afin de varier les appuis). En journée le bébé ne doit pas être limité dans sa motricité, notamment pour que le cou soit bien mobile, y compris sur le ventre lors des phases d’éveil (sous surveillance). Les parents sont les acteurs décisifs de cette pise en charge, il est de la responsabilité du professionnel de bien expliquer la problématique de ces déformations et la conduite à tenir afin d’obtenir le meilleur résultat possible.
Bien entendu la communication avec les autres professionnels est une des clés du succès. Les résultats des mesures périodiques devront être portés sur le carnet de santé afin que les autres professionnels en soient informés, en particulier le pédiatre qui suit l’enfant. L’ information devra également être transmise à l’intention des professionnels des créches et des assistantes maternelles, ainsi que les PMI, afin si possible que les recommandations en matière de positionnement et de stimulation soient appliquées le plus souvent possible.
Combien faut il prévoir de séances ?
Le nombre de séances varie en fonction du degré de sévérité de la déformation et de l’évolution mesurée à chaque séance. Selon l’évolution le rythme des séances sera plus ou moins fréquent, en général au début tous les 15 jours (une semaine dans les cas très sévères en cas de torticolis ) puis une fois par mois si l’évolution est satisfaisante, en général jusqu’à l’acquisition de la station assise autonome. De nombreuses mutuelles permettent une prise en charge sinon nous proposons une fois par mois des soins gratuits a l’intention des précaires en partenariat avec les PMI de l’est parisien.
Quand faut il consulter ?
Le plus tôt possible, dans le cours du 1er mois de vie et si possible avant le choix du pouce (3 mois) ce qui risque d’aggraver le problème car l’enfant choisit toujours le pouce du coté de la plagiocéphalie !
A VOS HOCHETS !
ANNE ET PIERRE CORNETET
Ostéopathes